Y a-t-il toujours un médecin dans l’avion ?
« Y a-t-il un médecin dans l'avion ? » Non, ce n'est pas le titre d'un film mais une question récurrente des voyageurs si l'on en croit Le Journal International de médecine qui mentionne qu'elle serait posée en moyenne 350 fois par jour dans le monde ! Et pour cause, savoir qu'un médecin est présent en cas de problème à 10 000 mètres d’altitude a de quoi rassurer… Mais, au fait, y a-t-il toujours un médecin dans l’avion ?
La présence d’un médecin à bord d’un avion n’est pas obligatoire
La réponse est non ! Il n’y pas d’obligation d’embarquer du personnel soignant à bord d’un vol et ce, qu’il soit, court, moyen ou long-courrier. En revanche, les personnels de cabine et les pilotes qui volent en Europe ont obligatoirement une formation de secouriste. Depuis juillet 2008, un règlement européen impose aux PNC (personnels navigants commerciaux) d’être titulaires du CFS, Certificat de Formation à la Sécurité. Ils suivent a minima 100 heures de formation théorique et 35 heures de formation pratique. Parmi les différents modules que comprend ce certificat, on compte un module dédié aux « aspects médicaux et premiers secours ». D’autres pays imposent leur propre réglementation en la matière. Au Canada, par exemple, les PNC reçoivent une formation aux premiers soins à laquelle ils doivent se requalifier chaque année.
Durant le vol, les PNC peuvent donc prodiguer aux passagers les gestes de premiers secours (comme des gestes de réanimation ou l’immobilisation d’un membre fracturé) mais aussi faire face aux petits « bobos » nécessitant, par exemple, de bander ou panser une plaie ou encore de traiter des maux de ventre. Les hôtesses et stewards sont capables de réagir aux incidents qui peuvent survenir à bord d’un vol et qui sont, dans leur très grande majorité, bénins et liés à la pression de la cabine qui peut être mal supportée ou liés au stress du voyage (problèmes ORL, maux de ventre, malaises vagaux…).
Les PNC disposent d’un matériel médical à bord dont ils doivent s’assurer de la présence avant de décoller : en l’occurrence, une trousse de premiers secours comprenant bandages, pansements, médicaments délivrables sans ordonnance (comme des anti-vomitifs ou des anti-douleurs) prévus pour soigner 100 passagers. A bord se trouve aussi une trousse médicale d’urgence qui ne peut être ouverte qu’avec l’accord du commandant de bord et en présence d’un médecin. Celle-ci contient généralement un stéthoscope, des seringues, des garrots et des médicaments sur prescription (antispasmodiques, dilatateur bronchique, anticonvulsifs...). De même, chaque avion doit disposer d’un circuit d’oxygène de premier secours afin de soulager les passagers qui pourraient rencontrer des problèmes respiratoires durant le voyage. En revanche, la présence d’un défibrillateur n’est pas obligatoire à bord des vols en Europe (mais elle l’est aux Etats-Unis). Néanmoins certaines compagnies européennes, comme Air France, ont fait le choix de s’en doter et ont formé leur personnel à leur utilisation.
Un médecin parmi les passagers dans près de 80% des cas…
Dans les faits, les statistiques sont avec les compagnies aériennes. Lorsque l’état de santé d’un passager dépasse les compétences en secourisme du personnel navigant, le commandant de bord lance un appel aux médecins qui se trouvent parmi les passagers. La question « y a-t-il un médecin dans l’avion ? » trouve un répondant dans 77,6% des cas selon les chiffres du Médecin Conseil d’Air France. Et pour cause, en France, par exemple, un médecin qui ne se présenterait pas suite à cet appel peut être poursuivi pour non-assistance à personne en danger, un délit passible de 5 ans de prison et de 75 000 euros d’amende !
Soyez donc rassuré, selon le Conseil médical de l’aviation il y a 89,8% de chance d’avoir un médecin à bord d’un vol long-courrier, 71,2% à bord d’un moyen-courrier et 37,8% sur un court-courrier. Or, 79% de ces « urgences » médicales surviennent lors d’un vol long-courrier.
Si dans la majeure partie des cas, un médecin se présente volontairement aux PNC suite à l’appel du commandant de bord, il arrive aussi que des personnels paramédicaux (comme des ambulanciers) ou des infirmier(e)s, soient à bord du vol. Lorsqu’un médecin se présente aux personnels de cabine, ces derniers vérifient sa carte et lui donne alors accès à la trousse médicale d’urgence.
Souvent, le médecin volontaire est remercié par la compagnie aérienne qui lui offre une coupe de champagne, l'invite à assister à l'atterrisage à bord du cockpit voire lui offre des billets d'avion pour un prochain voyage !
En cas d’urgence médicale, un avion peut être dérouté
Selon le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales), les problèmes médicaux requérant une intervention médicale sont estimés à environ un tous les 20 000 passagers. La plupart du temps, l’intervention d’un soignant à bord permet de réagir au mieux à l’incident rencontré. Dans tous les cas, après examen et suivant l’avis médical, le commandant de bord est le seul à décider si le passager est soigné à bord de son avion ou non.
Si les procédures d’urgence sont différentes d’une compagnie à une autre, lorsque la situation médicale l’exige, le commandant de bord peut dérouter l’appareil afin que le passager soit pris en charge à l’hôpital le plus proche. Lorsqu’il s’agit d’un long-courrier à l’étranger, l’avion est généralement dérouté vers la capitale la plus proche.
Dans tous les cas, chaque avion dispose d’une ligne téléphonique d’urgence permettant la mise en relation de l’équipage avec des structures médicales d’urgence comme le SAMU.
Mais ce cas de figure reste heureusement rare ! A titre d'exemple Air France indique qu'entre 2004 et 2010, elle a procédé à 213 déroutements d’avion pour motif médical, les accidents respiratoires et cardio-vasculaires en étant la cause principale.
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